Urgence climat

 

Face au réchauffement climatique et à l’effondrement écologique, que faire ? Cyril Dion, dans son livre « Petit Manuel de Résistance Contemporaine », nous invite à résister au modèle de société ultra-capitaliste et libérale dans laquelle nous agissons tel un « pompier-pyromane ». Cette résistance passe par une bascule incontournable qui vise à retrouver et remettre du sens dans notre quotidien. Car si seuls 20 % d’entre nous exercent un métier qui les passionne vraiment,  tous les autres, soit 80 %,  occupent un emploi pour (sur)vivre !

Résolument éprouvante, l’année 2020 aura été une année de bouleversements et de notables remises en cause pour quelques 3 milliards d’individus aussi bien dans le domaine sanitaire, politico-économique que social et environnemental. Comment un virus de quelques microns a-t-il pu paralyser la presque moitié de l’humanité ? Allons-nous enfin réagir, ou allons-nous repartir comme « avant » et reprendre nos vieilles habitudes ?

Nous sommes nombreux à vouloir changer de vie, changer de métier ou plus simplement changer nos comportements du quotidien. Si quelques-uns avaient déjà depuis longtemps décidé de quitter la ville pour vivre davantage les bienfaits d’une campagne accueillante, ce mouvement continue de progresser : c’est l’exode urbain, nécessaire conjugaison des effets de la Covid 19 et de l’urgence climatique à la recherche d’une vie plus sereine, en harmonie avec la nature et ses éléments.

En amont de ce désir de changement, pré-existe une quête de sens et le besoin impératif de vivre davantage en adéquation avec nos valeurs. En effet, depuis plus de 40 ans, nous sommes progressivement entrés dans une spirale inexorable de surconsommation de produits toujours plus nombreux, vantés par des multi nationales très bien structurées qui, grâce à de pertinentes publicités, savent créer en nous des besoins d’achats très souvent inutiles, voire compulsifs. Cyril Dion précise combien « nous aimons ce monde matérialiste, (…) y sommes habitués, tellement habitués que nous ne savons plus vivre autrement ». Il est cependant persuadé que « la plupart  des êtres humains sont plus intéressés à long terme, par l’idée d’être utiles, heureux, créatifs, de donner du sens à leur existence que d’acheter de nouveaux fours ou de nouvelles tablettes. Bien souvent ils font l’un (acheter) pour compenser l’autre (trouver du sens). »

 

Les ONG, elles-mêmes, dépensent une énergie et un temps démesurés pour faire entendre leurs revendications face à des pouvoirs politiques influencés par de puissants lobbies commerciaux et financiers.

En 2010, Stéphane Hessel prônait, lui aussi, la résistance avec son slogan : « Résister, c’est créer, créer, c’est résister ». Il nous faudrait donc inventer, développer notre imaginaire pour trouver de nouvelles solutions et créer une société plus libre,  plus accueillante où il ferait bon vivre.

Voici quelques exemples et pistes qui pourraient nous aider à interagir pour construire cette nouvelle société.

S’initier à la permaculture, à l’agroécologie (ferme du Bec Hellouin), à l’agroforesterie, participer à un compost de quartier, ou bien tendre vers le zéro déchet peut se révéler totalement novateur et formateur : par ces gestes simples, nous nous rapprochons de la nature, et  par la même occasion,  notre stress et notre charge mentale s’en trouvent grandement atténués.

Dans le même ordre d’idée, réduire l’utilisation de la voiture et de l’avion nous permettra d’autres rencontres, d’autres partages (co-voiturage) et nous conduira à découvrir des sites remarquables plus proches et souvent aussi magnifiques que certaines contrées de l’hémisphère sud.

En limitant nos commandes en ligne et en nous éloignant des centres commerciaux nous pouvons retrouver la joie de passer davantage de temps avec nos enfants, notre famille et disposer de plus de temps pour redécouvrir les coins cachés d’un parc, d’une forêt, d’un bord de rivière… Et cela contribue aussi à faire de substantielles économies.

 

Nous rappeler nos valeurs, nos rêves et même les héros de notre enfance (un professeur bienveillant, un grand-père musicien …) nous aidera à remettre du sens dans nos vies en stoppant notre course effrénée contre le temps qui défile inexorablement.

Cyril Dion cite l’exemple d’un ingénieur qui créait des logiciels pour de grands groupes et qui allait travailler à vélo. Celui-ci a subitement réalisé l’incohérence de ses actes : « Pourquoi me déplacer à vélo alors que je contribue à enrichir des actionnaires qui n’ont que faire de la pollution atmosphérique et de l’impact des énergies fossiles ? ». Il quitte alors son travail et retrouve un poste plus en accord avec ses convictions.

Cet exemple illustre comment un récit, une histoire personnelle en adéquation avec le sens de notre vie, constitue un moteur essentiel pour fédérer des millions d’entre nous et transformer durablement l’avenir de notre terre-mère.

 

La liste des solutions est loin d’être exhaustive. Nous pourrions y ajouter : la pratique du minimalisme, les maisons passives, autonomes en énergie, une vie simple et centrée sur l’essentiel, les habitats alternatifs, la Sobriété Heureuse de Pierre Rabhi, la théorie des petits pas, le Kaizen … etc, etc.

D’autres restent encore à inventer …

Anna Carlucci

 

Bibliographie :

  • Cyril Dion : Petit manuel de résistance contemporaine – Actes Sud, 2018
  • George Marshall : Le syndrome de l’autruche, pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique – Actes Sud, 2017
  • Mathieu Ricard : Plaidoyer pour l’altruisme – Nil, 2013
  • Nancy Houston : L’espèce fabulatrice – Actes Sud, 2008
  • Yuval Noah Harari : Homo Deus : une brève histoire de l’avenir – Albin Michel, 2017
  • Alexandre Leroux : Vivre en Tiny House https://www.youtube.com/playlist?list