Burn-out … certains de nos membres témoignent de ce qu’ils ont vécu.

TEMOIGNAGES 

 

Témoignage de Priscilla

Après 10 ans d’ancienneté dans une entreprise, Priscilla est toujours très appréciée par sa hiérarchie qui a bien compris la valeur de cette cadre motivée et efficace.

« Mon supérieur m’en demandait toujours plus et moi,  j’augmentais aussi toujours plus mes heures jusqu’à faire 12 à 13 heures de travail par jour. Mon besoin de reconnaissance, la peur de ne plus travailler ainsi que la peur du manque ont représenté une faille que mon employeur a su exploiter. Ma maxime aujourd’hui est : 《 Le meilleur est l’ennemi du bien》. Seul le travail avait fini par compter et je n’avais plus aucune relation sociale en dehors de mon fils et de mon mari.

D’un point de vue professionnel, il y avait discordance entre mes valeurs propres et les agissements de la direction (mensonges, agressivité ambiante, non-respect de la législation …). Cela me mettait très mal à l’aise.

Dans les solutions qui m’ont aidée à m’en sortir, il y a eu d’abord le repos et surtout le fait d’accepter de se reposer, puis l’accompagnement d’un professionnel de la relation d’aide et aussi la présence de mon fils. La méditation a aussi été un précieux recours, même si au début c’était juste une toute petite concentration.

Une autre chose importante a été de me réapproprier le corps et de me fixer de très très petits objectifs. Regarder par la fenêtre, me réapproprier les paysages, le village représentaient déjà beaucoup pour moi. J’avais un rituel du matin : prendre le temps de me réveiller, puis prendre du temps pour me masser et aussi un temps pour la méditation. Ensuite, j’ai pu ajouter d’autres objectifs, mais toujours progressivement,  et un seul à la fois : lire, peindre, me promener ….

Me resocialiser a aussi été important puisque j’avais perdu tout contact avec ma famille et mes amis. Et puis, il m’a fallu faire attention, être très vigilante et respecter mes nouvelles limites. Il m’a fallu également apprendre et  accepter que je ne pouvais pas être au ‘top’ tous les jours  et que donc mes rythmes pouvaient  évoluer et être différents.

Après avoir débarrassé mes affaires et rendu le véhicule de la société, j’ai beaucoup pleuré, ce jour-là et en même temps, c’était une grande libération.  »

 

 

Témoignage de Louis

 » Pour moi,  le burn-out a été une ouverture. J’ai pris conscience de ma vulnérabilité et de mon manque de confiance en moi. J’avais été  formaté pour être toujours fort et ne jamais rien montrer.  Et j’avais peur du regard des autres. Les deux maximes qui m’accompagnent aujourd’hui sont : 《Connais-toi toi-même》, citation de Socrate et 《Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce nous n’osons pas qu’elles sont difficiles》 citation de Sénèque.

Une des principales difficultés rencontrées a été  d’accepter que je n’en pouvais plus, que j’étais arrivé au bout de mes limites : tel un hamster qui tourne en rond dans sa cage. Il a fallu que je m’arrête pour comprendre : c’est dans l’arrêt  et la vigilance que la créativité peut se révéler. Je me suis donc beaucoup écouté et j’ai pu négocier mon licenciement. Je suis, ensuite, allé vers un vrai chemin de vie en créant ma propre entreprise malgré plusieurs complexités administratives.  »

 

 

Témoignage de Marianne

Le burn-out que j’ai vécu s’est installé progressivement et insidieusement sur plusieurs années. En tant que psychothérapeute, je pilotais un comité ‘Stress’ dans une entreprise où préexistaient, et depuis longtemps déjà, de nombreux conflits et tensions n’ayant jamais été résolus.

L’atmosphère était délétère.

Dans ce poste, j’ai été confronté à mes limites et au fait que j’en faisais trop.  Est apparu alors le syndrome du Sauveur. Sur le plan privé, mes difficultés personnelles ont certainement joué leur rôle.

Le diagnostic de burn-out s’est fait sur la perte importante de sommeil et l’impossibilité pour moi de  lire et de répondre à des mails. C’était devenu totalement impossible. Les premiers signes ont été, d’abord, des trous de mémoire puis une irritabilité avec hypersensibilité,  une culpabilité et puis un sentiment de honte.

L’unique solution pour moi, consistait à arrêter de vivre dans un système où le manque de respect pour ses salariés était flagrant et insupportable. Je ne me sentais plus à  ma place  et j’ai eu besoin de corriger mon chemin de vie. La  nécessité de revenir à soi, avec un respect de soi et un amour de soi a été primordiale.

Ma reconstruction s’est faite par un retour à  la nature avec de nombreuses balades, beaucoup de temps pour moi et aussi du temps pour retrouver mes amis. J’avais refusé les somnifères mais j’ai utilisé les médecines alternatives.

Je regrette de ne pas avoir vu plus tôt ce qui se passait. Je serais partie bien plus vite.  »

 

 

CERTAINS FACTEURS DE RISQUE

Les facteurs de risque sont nombreux et peuvent se superposer aux facteurs de stress en général. Nous pouvons retenir surtout : une mauvaise ambiance de travail avec des relations insatisfaisantes, des horaires contraignants (nuit, dimanche), une pénibilité des conditions de travail (bruit, espace réduit, manque d’ergonomie, entreprise en difficultés….), enfin,  l’hyper connectivité actuelle qui permet d’être joignable quasiment en permanence nous rend plus   « disponibles » mais  aussi plus vulnérables !

Il existe, cependant, d’autres facteurs qui semblent toujours présents dans les situations de burn-out. Il s’agit, d’abord, d’un rapport spécifique au monde du travail avec un fort investissement, voire un sur-investissement irraisonné. C’est, alors le cercle vicieux de la course aux  objectifs et de la fatigue extrême qui empêche l’efficience : plus la fatigue grandit  moins la personne est perfectible, et moins elle est perfectible plus elle prendra sur elle et fera toujours plus de travail dans un souci de perfection et parfois de perfectionnisme.

L’inadéquation entre les objectifs ambitieux de la hiérarchie et  la réalité des conditions de travail exigerait parfois qu’un salarié dise « Non » ou  propose une réunion ou un dialogue. Or, ces demandes sont impossibles à  formuler pour une personne menacée par le burn-out. Enfin, la non-reconnaissance de ses efforts est également source de grand stress et entraîne une perte de repères avec parfois une démotivation totale pour son travail.

 

LES SOLUTIONS POUR SORTIR DU BURN-OUT

Parmi les solutions à envisager pour sortir du burn-out, le repos avec arrêt de maladie constitue une première  étape pour couper radicalement avec son travail. Cependant, un préalable incontournable est nécessaire par la prise de conscience et l’acceptation de la nécessité  de se reposer ; or, ce préalable est très souvent remis en cause ou nié  jusqu’à l’étape ultime d’épuisement où le corps se manifestera par un arrêt brutal physique ou psychique. Un traitement médicamenteux pourra, aussi, être envisagé selon les situations.

Le soutien et l’accompagnement par des professionnels de la relation d’aide est également indispensable. Il s’agira de faire le point sur sa situation professionnelle, d’entreprendre un véritable travail sur soi pour comprendre les évènements et les causes conscientes ou inconscientes du burn-out. Retrouver ses vraies valeurs, apprendre à  poser de nouvelles limites, reprendre confiance en soi, envisager une autre orientation professionnelle seront, parmi d’autres, autant de thématiques à aborder.

Les tout premiers pas sur le chemin de la guérison seront peut-être modestes, le corps allant parfois jusqu’à refuser de bouger. Seul un minimum vital sera, dans ce cas, possible : le sommeil bien sûr,  le retour à une alimentation saine et équilibrée, et peut-être,  la pratique de la méditation, aussi modeste soit-elle, pour calmer le mental et reprendre contact avec le corps.

Enfin, renouer des liens délaissés avec ses amis et sa famille, retrouver le plaisir des sorties et autres activités préférées participeront à se resocialiser dans le plaisir, l’échange et le partage pour plus de créativité et d’épanouissement vers de nouvelles perspectives et aspirations conjuguées à d’autres rythmes et d’autres limites.

 

BIBLIOGRAPHIE

Eckhart Tollé            Le pouvoir  du moment présent    Édition J’ai Lu
Organdan Lemar     Comment rebondir après un burn-out
Marie Pesé                Le burn-out pour les nuls              Édition First
Sabine Bataille         Se reconstruire après un burn-out   Dunod Édition
Pierre  Mougel         Qu’est ce qui nous arrive – Stress, épuisement, angoisses, burn-out

 

Dossier officiel et complet du ministère de la santé : 

http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Exe_Burnout_21-05-2015_version_internet.pdf

 

Anna Carlucci